Pierre Sinodinos vous l'exposait récemment "Vouloir être innovant, n'a pas de sens!" On ne peut en effet que créer des conditions pour innover. Dans ce billet, nous vous proposons un retour d'expérience de Camille et Vincent sur la mise en place de démarches d’innovation au sein des organisations.
Aujourd’hui tout le monde cherche à innover : innover pour rester dans la course, se transformer, retenir les talents.
Nous pensons que les démarches d’innovation sont de formidables outils pour transformer les gens et accélérer les projets opérationnels.
Par Camille ROMET et Vincent ROCCHISANI.
L'innovation, ça vous évoque quoi ?
C.R : « Aujourd’hui c'est un mot galvaudé qui veut tout et rien dire, on confond souvent innovation et évolution de l’existant donc dès qu’on fait un peu différemment on considère qu’on innove. Ce que j’ai observé chez nos clients c’est qu’on pouvait aborder l’innovation par 3 prismes : la technologie, la méthodologie et l’usage. Pour moi, l’innovation doit être guidée par les usages car c’est la seule manière de s’assurer que l’on va développer des solutions pérennes qui auront du sens pour les utilisateurs. »
V.R : « Pour autant, les approches technologiques ou méthodologiques sont utiles au processus d’innovation. Elles offrent souvent des réponses différentes et différenciantes aux problématiques rencontrées. Car il est quand même nécessaire de rappeler que l’innovation est avant tout un moyen de répondre à une problématique pour laquelle nous n’avons pour l’instant pas de réponse. »
Les sceptiques parlent d’ « usines à POC* » ou de vitrines : vous en pensez quoi ?
V.R: « Le piège de l’usine à POC est difficile à éviter lorsqu’on aborde l’innovation par le biais de la technologie. On veut souvent trop en faire et peu de POCs arrivent en production. Il faut savoir ne pas voir trop grand et ne pas oublier la réalité de l’entreprise aussi bien culturellement parlant que techniquement.
Cependant il est nécessaire d’apprendre à échouer, de faire des POCs qui resteront au stade de POC, car c’est en expérimentant que l’on apprend. C’est une question d’équilibre à trouver. »
C.R : « Si on aborde l’innovation par le prisme méthodologique, on construit souvent une vitrine « sexy » de l’extérieur, où l’on vient tester de nouvelles manières de faire sans forcément avoir de réels sujets.
Dans les deux cas, ces démarches découragent assez rapidement les participants, car ils aboutissent très rarement à des solutions aux mains des utilisateurs ou répondant à de réelles problématiques.
Je crois que le « bon dosage » est une démarche qui combine l’exploration de solutions, l’aspect marketing, nécessaire pour motiver et engager les collaborateurs, mais aussi, et c’est crucial, l’accélération de projets opérationnels.
Innover n’est pas antinomique avec le « RUN » ou le « BUILD », on peut tout aussi bien utiliser l’approche et les méthodologies d’innovation pour accélérer les projets du quotidien. Qui plus est, ceux-ci engagent plus fortement les collaborateurs, car ils sont générateurs de ROI tangibles sur des projets opérationnels.
Comment se lancer ?
V.R : « Une démarche d’innovation doit s’intégrer très facilement dans l’écosystème de l’entreprise. Pour démarrer, nul besoin d’un espace physique ni des technologies dernier cri. Cela peut prendre différentes formes en termes de mobilisation, de moyens et d’outillage. »
C.R : « L’engagement est la clé de toute transformation digitale réussie. Participer à un lab ou un incubateur ne doit pas mobiliser 100% de son temps, il est nécessaire de garder un pied dans la réalité opérationnelle pour être sûr d’orienter l’innovation dans le bon sens. D’ailleurs, on peut tout à fait accélérer un projet innovant en quelques mois en y participant trois à quatre heures par semaine. »
V.R : « Enfin, la clé consiste à adopter un dispositif qui engage à la fois les collaborateurs et leurs managers. Si seule une de ces deux populations participe, alors les efforts auront été vains car la structure ne bougera pas. On oublie bien trop souvent les managers alors qu’une démarche d’innovation va venir impacter leur travail tout autant voire plus fortement que pour les collaborateurs… »
Comme réussir une démarche d’innovation ?
CR : « Il faut comprendre et bien prendre en compte la culture dans laquelle on la met en place. Si je suis dans une entreprise où la prise d’initiative chez les collaborateurs est assez faible, il va être compliqué de lancer un challenge intrapreneurial de but en blanc car cela demande une forte proactivité. Il vaudra peut-être mieux commencer avec un dispositif d’innovation plus facile d’accès, type accélérateur de projet. Une fois que cette prise en compte est réalisée, il est nécessaire de choisir le dispositif et le mix méthodologique qui conviendront puis de commencer à expérimenter.
Le second consiste à innover tout en prenant en compte les contraintes de l’organisation : contraintes organisationnelles, IT… afin de faciliter l’adoption des nouvelles solutions et leur industrialisation au sein de l’organisation. »
V.R : « Il faut prendre en compte les contraintes, mais celles-ci ne doivent pas devenir des obstacles à l’innovation. Un espace de liberté doit exister.
Il est nécessaire de créer les conditions de l’innovation grâce à un cadre de réalisation qui fait fi de certains processus tout en ne repoussant pas trop les limites.
La difficulté est alors de trouver un juste milieu entre une démarche qui colle à la culture de l’entreprise, qui respecte les contraintes IT, … et une démarche d’innovation de rupture avec l’existant.
Pour trouver ce parfait équilibre, il n’y a pas de secret, ni de recette magique, il faut tester ! »
Comment animez-vous l’innovation chez vos clients ?
C.R : « Chez ANEO, notre accompagnement se déroule sur un temps court, c’est une approche qui permet de passer d’une idée à un prototype industrialisable entre 3 à 6 mois. On utilise l’intelligence collective et on s’inspire des nouvelles méthodologies d’innovation (Design Thinking, Lean Startup, Agilité…) »
V.R : « Pour chaque enjeu nous construisons une démarche qui lui est propre avec un cadencement et une méthodologie adaptée. Ce qui veut dire que si nous avons N sujets, nous avons N incubateurs qui viendront se nourrir les uns les autres mais vivront également leur vie séparément.
POC*= Proof of concept, un prototype qui permet de valider le concept de sa solution.
Camille et Vincent ont tous deux participé à la mise en place de démarches d'innovations chez des clients ANEO.